Hier soir a eu lieu la première interview en directe des Anonymous par le journaliste de France Info, Pierre Breteau.
Jusqu'à récemment, les anonymous avait un rapport avec les medias très particulier. Représentant le peuple, Anonymous se doit de répondre à chaque question au nom du peuple. Un individu unique ne peut donc pas parler au nom d'Anonymous, mais seulement en son nom propre.
Les anonymous diffusaient donc leurs idées à travers des vidéos sur internet ous grâce à des communiqués préalablement approuvées. Il était impossible d'interviewer directement Anonymous comme on interview une personne normale, empêchant ainsi le journaliste de rebondir sur les réponses pour adapter ses questions.
Le vendredi 4 février, de 21h à plus de minuit, une interview en direct a été organisée sur IRC pour répondre aux questions de Pierre Breteau. Il a pour cela fallut trouver un moyen d'approuver "rapidement" les réponses tout en répondant au nom de tous et en prenant en compte l'avis de chacun.
Anonymous étant un mouvement né sur internet, grâce aux nouvelles technologies permettant l'application directe de son idéologie, c'est encore une fois grâce à internet et aux nouvelles technologies qu'Anonymous a pu organiser cette interview :
Celle-ci s'est déroulée sur IRC sur 2 channels différents :
- #opcom réunissait plus d'une centaine de personnes réagissant ensemble sur les interrogations du journaliste en donnant leurs réponses ou en approuvant celle des autres.
- #interview où s'exprimaient le journaliste et le Coordinateur. Tout le monde pouvait voir ce chan en direct, mais il était en lecture seule (sauf pour ces 2 participants).
Le journaliste posait donc une question sur #interview. Aussitôt, les réponses fusaient sur #opcom créant parfois de long débats. Quelques personnes s'occupaient ensuite (sur une sorte de chan privée facilitant la rédaction à plusieurs : un pad) de faire le tri dans ces réponses pour essayer d'en faire une synthèse claire à donner à M. Breteau. La réponse était ensuite approuvée sur #opcom et le Coordinateur la transmettait au journaliste sur #interview, où ce dernier pouvait réagir à cette réponse, etc...
Dans les faits, #opcom était un beau bordel et les synthétiseurs ont eu un sacré boulot pour synthétiser les réponses (félicitation à eux !). Certaines questions ont créé de sacrées polémiques avec des débats à n'en plus finir. Les réponses prenaient donc souvent 15 minutes à arriver au journaliste.
Certaines questions étant destinées aux connaisseurs de certaines particularités d'Anonymous, de belles pagailles ont eu lieu (ceux ne comprenant pas la question voulant absolument répondre quand même, souvent à côté). C'est notamment le cas pour la questions sur les "white hats" ou "black hats" (voir le copié / collé de l'interview en bas de l'article). Et le problème de ce système d'interview est bien vite apparut : la synthèse de la réponse a donné quelque chose qui n'était pas vraiment en accord avec la majorité.
Cette question, et d'autres, ont donc du être revisitées à la fin de l'interview. C'est aussi à partir de cette question que les synthétiseurs ont décidé de faire approuver la synthèse avant de la poster (sage idée).
Ce système d'interview, totalement révolutionnaire pour le mouvement Anonymous, mais aussi dans le monde du journalisme (je n'ai jamais entendu parler d'interview en direct de plus d'une centaine de personnes) doit donc être légèrement être amélioré, notamment sur les points suivants :
- pour créer un réel dialogue avec le journaliste comme c'est le cas lors d'une interview normale, il faudrait pouvoir lui répondre plus rapidement (quitte à donner des morceaux de réponses avant la réponse finale ?)
- chaque personne prenant part à l'interview doit comprendre les enjeux en cours, rester responsable, et accepter de ne pas savoir répondre à une question (si on est 100 à se faire interroger, c'est parce que nous sommes complémentaires. Une personne unique ne peut pas tout savoir sur tout).
- Si de prochaines interviews sont organisées, il est possible que nous soyons bien plus d'une centaine sur IRC. À voir donc les limites de ce système lors d'un très grand nombre de participants (plus d'une centaine étant déjà un grand nombre...)
- Faire approuver la réponse synthétisée avant de la poster, comme ça a été le cas pour la fin de l'interview.
Malgré cela, suivre cette interview en direct avait quelque chose d'assez beau : voir une centaine de personne débattre ensemble dans un cafouillis général pour arriver, au final, à une réponse claire et organisée... C'est là le pouvoir d'Internet. Sans compter les moments où tout le monde parle d'une seule voix :
<weasley> tout le monde dit la même chose, ça donne envie de pleurer tellement c'est beau :)
Finalement, l'article publié est plutôt bien, même s'il est un peu court et ne relate pas l'intégralité de ce qu'est Anonymous.
Vous pouvez trouver l'article ici :
http://www.franceinfo.fr/societe/les-anonymous-parlent-d-une-seule-voix-sur-franceinfo-fr-518309-2012-02-04
Le copié / collé du chan #interview (légèrement mis en page par moi-même) ici :
http://pastebin.com/wmZjH2WB
Les règles de fonctionnement de l'interview :
http://pastebin.com/r2AtfD7v
